Dominant Species

Une ère glaciaire approche. Le fragile équilibre de l’écosystème risque d’être perturbé et à ce jeu là ce ne sont pas toujours les plus forts qui gagnent …  Une gigantesque lutte pour la suprématie s’engage entre les différentes espèces animales. Dominant Species ne verra qu’une seule d’entre elles sortir vainqueur de ce combat à mort … pour la vie !

Dominant Species est une ré-édition d’une 1ère version sortie en 2010. Il s’agit d’un jeu de 2 à 6 joueurs édité par Phalanx Games et distribué en France par les Pixie Games, mêlant placement d’ouvriers, développement personnel et survie !

Cet article a été rédigé avec un exemplaire du jeu envoyé par l’éditeur. Mon avis reste cependant parfaitement indépendant.

Manuel de survie avant extinction !

Dans Dominant Species, les joueurs incarnent des … animaux ! Soyez prêt à endosser le rôle des mammifères, reptiles, oiseaux, amphibiens, insectes ou même des arachnides ! Le tout se déroule 90 000 avant notre ère avant une grande période de refroidissement qui pourrait bien chambouler les espèces présentes. Le fragile équilibre de l’écosystème risque d’être remis en cause et il faudra tout faire pour survivre et dominer le monde animal.

Pour débuter, chaque joueur récupère un plateau animal et les cubes associés : 10 figurines animales, des cylindres d’actions et des cubes génétiques (selon le nombre de joueurs). Le plateau central regroupe toutes les informations pour jouer : un grand espace pour la programmation des actions et une vaste zone où seront placées les tuiles terrains. Au début de la partie, les joueurs placent 7 tuiles terrains (1 tuile de chaque type de terrain) et 1 tuile toundra au centre sur la mer. Aux intersections des tuiles, ils placent des jetons éléments (herbe, larve, viande, graine, soleil et eau), éléments indispensables à la survie des espèces. Enfin, chaque joueur commence avec des cubes génétiques de son espèce sur les tuiles de départ.

Un des points centraux de Dominant Species est la notion de domination. Chaque tuile terrain pourra être dominée par une des espèces présentes sur la tuile. Mais ce n’est pas la majorité (nombre de cubes) qui fera la domination mais l’association entre l’espèce et les éléments de la tuile. Chaque tuile terrain sera liée à un ou plusieurs éléments, sources de vie pour les espèces animales. Chaque espèce animale aura ses propres besoins sur son plateau individuel. L’espèce dominante sur une tuile terrain sera donc l’espèce animale présente sur la tuile et avec le plus de lien avec les jetons éléments de la tuile. Cette domination pourra changer en cours de partie. A l’inverse, une espèce animale qui se retrouverait sur une tuile terrain sans lien avec les éléments présents se retrouvera en voie d’extinction sur la tuile terrain …

Chaque tour de jeu se divise en 3 phases. Une première phase de planification au cours de laquelle les joueurs vont planifier leurs actions, puis une phase de réalisation pour mener à bien ces actions et enfin une phase de réinitialisation, sauf si la partie se termine. En effet, l’ère glaciaire se rapprochera inexorablement et la partie prendra fin à son arrivée.

Phase de planification

Durant cette phase, dans l’ordre du tour, et un cylindre d’action à la fois, chaque joueur va placer ses cylindres d’action sur un des emplacements libres sur le plateau de jeu. Il y a 12 actions disponibles avec 1 à 6 emplacements. Selon le nombre de joueurs, ils débutent la partie avec entre 3 et 7 cylindres d’action.

Phase de réalisation

Quand les joueurs ont placé tous leurs cylindres d’action, les actions sont réalisées de haut en bas et de gauche à droite dans chaque action

• Initiative (1 emplacement) : le joueur avance d’une place dans l’ordre du tour et peut ensuite replacer son cylindre action sur un emplacement libre ;

• Adaptation (3 emplacements) : les joueurs présents choisissent un des 4 éléments présents et le placent sur leur plateau joueur. Leur espèce s’acclimate et pourra profiter sur ces nouveaux éléments pour survivre ou dominer sur le plateau central ;

• Régression (2 emplacements) : tous les joueurs doivent retirer de leur plateau joueur un élément identique aux éléments présents sur cette ligne. Les joueurs qui ont placé un cylindre d’action sont protégés contre la perte d’un élément de leur plateau ;

• Abondance (2 emplacements) : les joueurs présents peuvent choisir un des éléments présents dans la ligne et le placer sur le plateau de jeu ;

• Enfrichement (1 emplacement) : le joueur présent peut choisir un des éléments présents dans la ligne et le remettre dans le sac de pioche. Ensuite, tous les éléments identiques à ceux présents sur la ligne et présents sur le plateau de jeu sont remis dans le sac de pioche ;

• Raréfaction (1 emplacement) : le joueur présent peut choisir un des éléments sur le plateau de jeu identique à ceux présents dans la ligne et le remettre dans le sac de pioche ;

• Glaciation (4 emplacements) : le joueur le plus à gauche (et seulement lui !) réalise une action de Glaciation. Les autres joueurs présents réaliseront l’action aux tours suivant, anticipant l’action mais bloquant un de leur cylindre d’action plusieurs tours de suite. Le joueur actif doit recouvrir une tuiles terrain, déjà adjacente à une tuile toundra, par une nouvelle tuile toundra. Le joueur gagne des Points de victoires (PV) selon le nombre de tuile toundra adjacente puis remet uniquement 1 cube génétique sur la nouvelle tuile toundra des espèces présentes ;

• Spéciation (6 emplacements) : les joueurs présents peuvent placer des cubes génétiques sur le terrain central autour d’un élément correspondant à leur emplacement. Les joueurs peuvent ainsi étendre leur présence sur les tuiles terrains ;

• Expansion (3 emplacements) : les joueurs présents choisissent une tuile terrain de la pioche et la place sur le terrain central. Ils gagnent des PV selon le nombre de tuiles adjacentes à la nouvelle tuile. Enfin, les joueurs peuvent déplacer des cubes génétiques adjacents sur la nouvelle tuile s’ils souhaitent ;

• Migration (6 emplacements) : les joueurs présents peuvent déplacer autant de cubes génétiques de leur espèce que la valeur de leur emplacement ;

• Rivalisation (7 emplacements) : les joueurs présents peuvent retirer un cube génétique adverse sur une tuile terrain où ils sont présents et de même type que leur emplacement d’action ;

• Suprématie (5 emplacements) : les joueurs présents peuvent choisir une tuile terrain. Les joueurs gagnent des PV selon leur nombre de cubes génétiques, puis le joueur qui domine la tuile doit sélectionner et réaliser une des cartes Dominante présente sur le plateau. Ces cartes ont de nombreux effets, positif ou non (gain de cylindres d’action, modification des éléments, ajout ou retrait de cubes génétiques, déplacement, …) ;

A chaque action la domination sur une tuile terrain peut être modifiée ! Les joueurs doivent être attentif aux modifications engendrées par les changements d’éléments présents sur le plateau de jeu et sur les plateaux individuels pour revendiquer une domination sans retard !

Phase de réinitialisation

Enfin, le tour se termine avec la phase de réinitialisation. Tout d’abord, toutes les espèces en voie d’extinction sont retirées des tuiles terrains où elles n’ont plus lien avec les éléments présents. Puis, de nouvelles cartes domination sont piochées pour remplacer les cartes utilisées lors de la phase précédente. Si la carte « Ere glaciaire » est piochée, la partie prend fin à la fin du tour en cours !

Si la partie continue, les joueurs doivent retirer ou déplacer les jetons éléments présents sur le tableau des actions :

• sur les actions Régression, Raréfaction et Expansion, les éléments sont remis dans le sac de pioche ;
• sur les actions Enfrichement, Abondance et Adaptation, les éléments sont descendus d’une case ;
• sur les actions Abondance, Adaptation et Expansion, 4 nouveaux éléments sont piochés.

En fin de partie, une dernière fois les joueurs marquent les PV des tuiles du plateau de jeu (selon les majorités). Le joueur avec le plus de PV remportent la partie !

L’avis du Meeple Reporter

Dominant Species revient dans un nouvel écrin et habillage, pour mieux faire chauffer vos neurones. Dominer la terre avant une ère glaciaire, en s’adaptant pour survivre, n’est pas une mission aisée et ce n’est pas la force brute qui comptera : mais l’intelligence et la faculté d’adaptation. A ce jeu-là, toutes les espèces peuvent gagner !

Dominant Species n’est pas un jeu à placer entre toutes les mains, surtout entre des mains de joueurs non avertis. Jouer à Dominant Species, c’est s’embarquer dans une aventure longue et complexe. Les règles ne sont pas très compliquées et restent abordables (malgré quelques erreurs de traduction), mais la planification des actions relève de la haute stratégie : 12 actions possibles chaque tour, une action qui peut monopoliser un cylindre action jusqu’à 4 tours, des éléments qui vont passer d’action en action avec des conséquences importantes sauf à agir en conséquence avant, …. Les choix sont compliqués et nécessitent de l’anticipation pour espérer survivre et ne pas voir ses cubes génétiques disparaitre de la terre, tout en faisant les bons calculs de domination et de PV ! Les premières parties peuvent paraitre ardues et longues et demander un petit temps d’adaptation. Au début, on se retrouve vite perdu : que faire, quelle piste privilégier ? La survie n’est pas une science exacte avec des règles immuables. Cela implique qu’il faudra du temps pour maitriser Dominant Species, avec une belle courbe d’apprentissage. Le jeu étant déjà long par essence, il faudra être prêt à jouer plusieurs parties avant d’en maitriser tous les rouages !

Il faut bien comprendre que les actions, simples prises une par une, ne sont pas sans conséquences les unes par rapport aux autres et irrémédiablement liées. Par exemple, choisir l’action Abondance permet de placer un élément sur le plateau (et donc modifier les dominations) mais surtout d’éviter que ce jeton ne descende en fin de tour vers l’action Enfrichement (puis Raréfaction au tour suivant) avec des conséquences très importantes (disparation d’éléments sur le plateau avec des changements de domination et des extinctions possibles !). Tout doit être analysé, anticipé et contrôlé !

Côté matériel, la boîte est remplie et lourde ! Un grand plateau, des tuiles, des plateaux individuels, des cartes mais surtout des cubes/cylindres en bois pour 6 joueurs ! Le travail de la nouvelle édition est réussie avec une mention toute particulière pour les meeples en forme d’animaux (pour marquer la domination sur les tuiles terrains et l’ordre de tour) ! La nouvelle direction visuelle est aussi très jolie sur les illustrations des cartes.

Enfin, ce type de jeu expert nécessite une bonne lisibilité pour aider et accompagner les joueurs. Les joueurs disposent d’une grande carte d’aide de jeu, aide indispensable, mais surtout le plateau de jeu est particulièrement bien conçu pour guider les joueurs, aussi bien lors de la mise en place que lors des phases de jeu. La mise en place de départ des tuiles et éléments est indiquée sur le plateau, ainsi que les cubes de chaque espèce et domination. Du côté des actions, tous les mouvements de jetons éléments en fin de tour sont indiqués, ce qui, en plus de fluidifier les tours, permet aux joueurs de mieux anticiper les prochains tours et les conséquences des différentes actions. Cela dans le but de mieux planifier leurs actions pour survivre, se déplacer ou contester des domination. Le travail soigné de développement aide grandement au jeu et à la bonne compréhension des mécaniques.

Dominant Species n’est pas un inconnu et revient dans une version revisitée, fort de son expérience. Le jeu reste un jeu profond qui nécessite un investissement important avant de maitriser la bête ! Mais si vous êtes ce style de joueur ou voulez découvrir un jeu qui offre une grosse expérience ludique, laissez vous tenter ! La qualité et quantité de matériel servent le jeu et se mettent au service du moment ludique. Dans les règles rien n’est compliqué, mais l’imbrication et les conséquences de chaque action, à court et long terme, offre au jeu une profondeur très importante. La survie est une histoire d’expert !

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Fiche Technique

✍️ Auteur : Chad Jensen

✍️ Illustrateur : Tomek Zarucki & Bartek Jędrzejewski

🏗️ Editeur VF : Pixie Games

🎲 Nombre de joueurs : 2 à 6 joueurs

🕰️ Durée de partie : 180 min

💰 Prix moyen constaté : 85 euros

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